Vie culturelle

Un chercheur stimule l'esprit critique des élèves

Par JULIE MONNIER, publié le vendredi 3 février 2023 00:12 - Mis à jour le mercredi 22 mars 2023 23:08
Rencontre avec Jeremy Attard du collectif Cortecs
Vendredi 20 janvier, Jeremy Attard, chercheur en épistémologie des sciences, est venu de Marseille animer une conférence sur les biais cognitifs avec les élèves de 2nde4 dans le cadre de la Classe Média soutenue par la Région AURA.

Jeremy Attard est membre du collectif CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) "né en 2010 dans un triangle entre Grenoble, Marseille et Montpellier. Grâce au soutien de la Région AURA, il est intervenu auprès des élèves pour transmettre divers aspects de l’esprit critique que l'on peut exercer au quotidien, face aux informations que nous recevons.

La conférence a débuté sur la façon d'appliquer l’esprit critique à soi-même : il s'agit de prendre en compte nos limitations cognitives. Par exemple, toute illusion d’optique fonctionne en trompant nos sens, notre perception du réel. Le nom savant de ces effets  : les Paréidolies ! on ne peut pas empêcher notre cerveau de voir ces effets, l'empêcher de nous faire voir des choses qui n’existent pas : ce sont les biais cognitifs (nous ne pouvons pas laisser notre cerveau dans le flou donc nous choisissons une des interprétations possibles).

Autre exemple : le visage dans sa tasse de café. Nous pouvons détecter, percevoir des des visages là où il n’y en a pas, dans la mousse du café, les aliments,  ou des objet divers. On interprète ces visages et on leur accole des émotions parce qu’on a l’habitude de décoder les émotions sur les visages qui nous entourent. On cherche du sens dans ce qui nous entoure. C'est pour cette raison que l'on croit voir un visage humain sur les images de Mars prises par la sonde Viking en 1976, et que l'on comprend différemment avec les clichés ultérieurs de la Sonde Surveyor en 2001.

J. Attard a ensuite montré les effets "magiques" liés à la focalisation dans des vidéos : nos sens sont trompés parce que nous focalisons notre attention sur un point précis. Ce sont les "inattentional blindness et « cécités » volontaires"

Testez-vous avec cet exemple : test your awareness : Who dunnit ?

Un autre piège à éviter est celui de l'automatisme : notre cerveau fonctionne en mode automatique la plupart du temps, sur la base de nombreuses intuitions issues de l’expérience. C'est pourquoi nous tombons facilement dans les questions pièges comme "1 raquette te 1 balle font 11€, et la raquette fait 10€ de plus que la balle, combien coûte la balle" ? Si on ne se concentre pas, on fait vite et on répond "la balle coute 1€" !

Pour appliquer notre esprit critique à ce qui nous entoure, il faut se placer dans la démarche scientifique : une expérience est-elle reproductible à l'identique dans un autre lieu, avec d'autres personnes ? Deux exemples historique : l'expérience du cheval de Hans le Malin ou le Rayon N de Blondelot : expérience non reproductible dans d’autres laboratoires, mais réelle aux yeux de Blondelot.

Enfin, la matinée s'est achevée sur le principe de parcimonie dit "du rasoir d’Ockham" : devant une expérience, une nouvelle qui nous parait bizarre, on doit aller vers le plus plausible, le plus simple, même si cela ne nous parait pas évident. Par exemple, si une seule personne vous raconte avoir vu le ciel orange ce matin, vous pouvez raisonnablement douter. Mais si 12, 25, 150 personnes racontent le même phénomène, on peut croire que c'est sans doute la vérité.

L'après-midi a porté sur des exercices en demi-groupe pour vérifier nos biais cognitifs. Quelques surprises étaient au rendez-vous !

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